Synthèse provisoire de l’étude du Parti Humaniste (Bruxelles de 2012 à avril 2017)
Sur base des ouvrages repris en bibliographie nous souhaitons non pas figer une position, mais bien lancer des pistes de réflexions. Plusieurs appellations circulent : revenu de base, allocation universelle, salaire à vie, revenu d’existence, impôt négatif, etc. Nous avons opté pour l’appellation de revenu d’existence inconditionnel et universel qui nous semble la plus en accord avec les valeurs humanistes. Le débat sur le revenu d’existence remet en question tout le fonctionnement de l’économie, de la fiscalité, de la démocratie, du vivre ensemble. C’est une révolution, un chantier énorme et très motivant. Il ne s’agit pas ici d’une étude chiffrée, mais d’une ouverture pour un débat de fond sur la société que nous voulons construire au moment où le système actuel est clairement en situation de mort cérébrale.
Aujourd’hui, l’économie génère une poignée de patrimoines incommensurables et des misères par milliards. La plupart des êtres humains naissent endettés et il n’y a plus aucun cm² de terre disponible qui n’appartienne pas à un propriétaire. Les droits de l’homme ne sont entièrement d’application nulle part. Alors la question est : comment vivre bien, toutes et tous?
Le travail est aujourd’hui associé à une obligation. La peur de perdre son emploi nous tient en esclavage. Beaucoup sont sans travail, et ceux qui travaillent sont soumis à des pressions, des cadences infernales, burn-out et accidents. C’est le non-sens. Le revenu d’existence et une répartition du travail indispensable à la collectivité est une piste pour sortir de cette impasse. Bien sûr il y a ceux qui pensent que l’homme est fainéant et oisif. Un regard dans le rétroviseur de l’Histoire, bien plus longue que celle des salaires, montre que l’humanité n’a jamais reculé devant la tâche, lorsqu’elle a du Sens. Il faut aujourd’hui retrouver ce Sens, celui du bien-être de la collectivité et du dépassement de la douleur et de la souffrance.
Dans les différents scénarios de revenu universel et inconditionnel, il y a toute la panoplie de gauche à droite. Ceux de droite cherchent à limiter la misère et éviter l’explosion sociale en corrigeant les dérives barbares du capitalisme mais sans le remettre en question. Ces scénarios sont dangereux car ils pourraient bien tirer les salaires vers le bas, démanteler les acquis sociaux et privatiser les services publics. C’est le cas de la proposition de l’« impôt négatif » ou lorsque le montant d’allocation est insuffisante pour vivre. D’autres sont très à gauche comme par exemple la proposition du « salaire à vie » en fonction du niveau de qualification, financé en supprimant les profits dans les entreprises. Cette proposition reste attachée à la valeur du travail, comme seule capable de libérer le prolétariat.
Une meilleure distribution des richesses nécessitera aussi une fiscalité appliquée à TOUS les revenus, y compris ceux du patrimoine et de la spéculation. Les revenus proviennent principalement de quatre sources: allocations, aides sociales, salaires, revenus de propriétés (mobilières et immobilières). Dans les revenus de propriétés, il faut distinguer les propriétés d’usage (maison habitée ou locaux professionnels occupés par le propriétaire), et les propriétés lucratives. L’ensemble de TOUS les revenus devront être taxés par tranches avec un taux identique quelle que soit la source du revenu. Il faudra réfléchir à un revenu maximum indécent au-dessus duquel le taux de taxation sera de 100%. De même la concentration des richesses par héritage devra être limitée par une fiscalité appropriée en particulier pour les propriétés mobilières.
Le revenu d’existence universel inconditionnel, suffisant pour vivre (par exemple équivalent au salaire minimum actuel) mettra un terme au chantage à l’emploi et à l’obligation de travailler. Il permettra une activité syndicale forte et renforcera le droit de grève, obligeant de fait l’entrée de la démocratie dans les entreprises et l’économie. L’état par la législation et une fiscalité appropriée devra inciter les entreprises à évoluer vers la propriété participative de tous les travailleurs et vers les sociétés coopératives. Cette évolution permettra d’éviter les fermetures et délocalisation d’entreprises non-déficitaires. La démocratie formelle des institutions devra aussi évoluer pour orienter les priorités économiques en fonction des besoins de la population. Il faudra élargir les possibilités des consultations populaires décisionnelles sur les grands choix de sociétés.